Qu’est-ce que l’auto-sabotage ?

Se saboter, c’est souhaiter quelque chose, sincèrement, et… pourtant gâcher vos chances d’y parvenir. En général ça passe inaperçu car on attribue ces ratages à «un manque de volonté». Effectivement il y a de ça parfois : un jour ou l’autre, chacun a à faire avec ses contradictions, rien de bien grave en soi. Mais lorsqu’elles vous empêchent constamment de vous épanouir et de satisfaire vos besoins, alors ce sont peut-être plus que de simples ratés.

S’empêcher soi-même de faire ce qu’on veut, cela peut sembler être une idée étonnante, pour ne pas dire absurde… Et pourtant. On le fait sans vraiment s’en rendre compte, car c’est un fonctionnement présent depuis longtemps, une réponse à des besoins insatisfaits du passé. Mais une réponse qui s’est transposée dans le présent alors que ces besoins passés n’existent souvent plus, créant ainsi de la souffrance.

Pour autant, les pensées et les comportements d’auto-sabotage sont des révélateurs d’une part de nous-mêmes (liés à notre histoire familiale, nos croyances, nos motivations inconscientes) et porteurs d’un message à décrypter. Loin d’être inutiles, ils nous protègent de l’inconfort du changement ou de la douleur, voire même du succès et de ses implications.

Concrètement cela peut être par exemple de ne pas parvenir à «tomber sur quelqu’un avec qui ça marche» : pas libre, infidèle, trop bien, trop éloigné, … Tout ce qu’il faut pour nourrir votre croyance que vous n’êtes pas digne d’être aimé, et éviter ainsi de le vérifier dans un engagement amoureux. Ou encore de refuser cette promotion professionnelle que vous espériez tant, parce que vous craignez de ne pas être à la hauteur. En évitant d’essayer, vous êtes sûr de garder le contrôle : pas d’échec. Ou du moins un «échec contrôlé» puisque c’est vous qui avez choisi de refuser le poste.

 

Quelques pistes pour agir

Chaque personne met en place ses propres mécanismes de défense en fonction de son histoire et de ses besoins particuliers, et chaque solution pour se libérer de ses comportements d’auto-sabotage sera donc spécifique.

Dans un premier temps, vous pouvez vous questionner sur l’adéquation entre vos souhaits et ce que vous vivez. Soyez attentifs à ce qui peut se passer dans vos relations amoureuses, votre vie professionnelle ou vos projets personnels : à ces histoires insatisfaisantes qui se répètent en boucle malgré votre bonne volonté, à cet éternel projet que vous reportez sans cesse à plus tard, à cette petite voix intérieure qui trouve mille et une raisons de ne pas faire ce que vous avez décidé, …

Bien sûr, il ne suffit pas d’avoir conscience du problème pour le faire disparaitre, mais réaliser ce qui se passe c’est déjà faire une bonne partie du chemin. Il vous faudra ensuite aborder votre situation sous un angle nouveau afin de décrypter le message qui se cache derrière vos comportements, car sans comprendre la fonction de ces actes et de ces pensées, votre tendance à l’auto-sabotage finira par réapparaitre.

Cette démarche peut être délicate à réaliser seul, aussi n’hésitez pas à vous faire accompagner. Un psychologue peut par exemple vous permettre d’aller plus loin dans vos questionnements en mettant à jour ce qui maintient votre situation et en vous aidant à construire un équilibre moins coûteux. Le plus important étant de ne pas vous en vouloir et d’être patient et indulgent envers vous-même.

 

Priscilla Coutin pour Psychologika