Les symptômes dépressifs et ses caractéristiques
La dépression n’est pas un « mal-être » existentiel ou un « coup de déprime ». Le fait de se sentir triste, d’être « déprimé », d’avoir des « idées noires » ou des difficultés à s’endormir / à dormir ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’une dépression. Les moments de cafard, de « blues », de doutes, de questionnements font partie intégrante de la vie. Au fil de l’existence, nous pouvons tous à un moment ou à un autre, expérimenter toute une palette de sentiments, du plus mélancolique au plus exalté. A l’intérieur de cette large gamme d’émotions, la tristesse, le découragement et le désespoir représentent des expériences humaines normales.
Ces variations et ces baisses de l’humeur ne doivent pas être confondues avec la définition de la dépression. Il faut que ces perturbations de l’humeur soient multiples et bien caractérisées, qu’elles se manifestent de façon quasi permanente pendant une période supérieure à 2 semaines, qu’elles entraînent une gêne importante dans un ou plusieurs domaine de la vie quotidienne (difficultés ou incapacité de se lever, d’aller au travail, de sortir faire ses courses…) pour que la dépression soit évoquée. Les émotions éprouvées, les idées qui traversent l’esprit sont imprégnées d’une véritable souffrance morale permanente, plus insupportable que toute autre souffrance déjà endurée. Autre différence avec les émotions habituelles de la vie, les personnes ont l’impression d’être coupées de leur entourage.
Quelques explications
L’état dépressif se caractérise par un changement profond, une véritable rupture par rapport au fonctionnement habituel. Trois éléments typiques de cet état sont :
une TRISTESSE INHABITUELLE particulièrement intense, elle n’est pas « directement » reliée à une cause, rien ne l’apaise, elle se mêle d’angoisse et d’un sentiment de « fatalité », UNE PERTE D INTERET et DE PLAISIR touchant tous les domaines de la vie, UNE ASSOCIATION DE PLUSIEURS SYMTPOMES durables entravant de manière douloureuse la vie quotidienne. La dépression entraîne un « ralentissement » dans tous les registres de la vie quotidienne : vie affective, fonctionnement intellectuel, forme physique, mécanismes vitaux et corporels. Le « ralentissement » se décline en de multiples symptômes qui persistent pendant une longue durée, plus de 15 jours. Au niveau de la FORME PHYSIQUE, la personne se sent à bout, une fatigue l’emporte même sans avoir fait d’effort particulier. Elle éprouve une sensation de manque d’énergie permanente, sensation omniprésente venant s’ajouter au découragement et à la douleur physique et morale, ni le repos ni le sommeil ne l’atténuent. La dépression entraîne un ralentissement général, les gestes quotidiens demandent plus de temps y compris pour les tâches habituelles, le sujet a l’impression d’être « englué », les mimiques faciales sont moindres, la parole est ralentie, d’autres fonctions du corps sont aussi ralenties tel le métabolisme.
La VIE AFFECTIVE est à plat. Une TRISTESSE intense, particulièrement douloureuse, incompréhensible, envahissante, souvent accompagnée de pleurs sans motif et d’un sentiment de désespoir. Une INCAPACITE A EPROUVER DU PLAISIR même les petits plaisirs de la vie (voir ses amis, faire du shopping, écouter de la musique…) disparaissent. Tout paraît égal, terne, sans intérêt, sans aucun sens, ni de goût ni de couleur. Une HYPERSENSIBILITE EMOTIONNELLE à l’œuvre. Ce qui fait qu’une personne souffrant de dépression réagit avec une grande sensibilité aux situations de la vie quotidienne comme s’il manquait un « espace d’amortissement ». Parallèlement, la personne peut avoir l’impression d’être vide, de ne plus rien éprouver, comme si elle était anesthésiée et hypersensible concomitamment. Une IMPRESSION D ABANDON, d’INUTILITÉ et de SOLITUDE cohabitant avec le sentiment de ne pas être aimé des autres, de ne rien avoir à dire d’intéressant.
Enfin, de l’ANXIÉTÉ. Peur sans cause évidente s’exprimant par le corps (« boule » dans la gorge, gêne respiratoire, sensations diverses au niveau du ventre, ruminations, sensations de catastrophe imminente…). Au niveau du FONCTIONNEMENT INTELLECTUEL, la personne voit tout en noir. Il devient difficile de réfléchir, de trouver les mots, de parler avec fluidité, impression de tête vide, que le monde est devenu trop compliqué et depas savoir s’y adapter ni y faire face. Il faut faire un effort très important pour accomplir des tâches qui, jusqu’alors, s’effectuaient naturellement, sans y penser. Une DIMINUTION DE L ATTENTION, de LA CONCENTRATION et de la MEMOIRE, ne plus savoir fixer son attention, se laisser facilement distraire, ne pas réussir à retenir ce qu’on vient de lire. Une DEVALORISATION DE SOI et une CULPABILITE, se sentir bon à rien, penser n’avoir aucune valeur, s’accuser d’être responsable d’événements désagréables qu’elle ressent, impression définitive d’où la difficulté de demander de l’aide et de croire qu’un traitement et un suivi peuvent changer quelque chose.
Des PENSEES NEGATIVES : le sujet regarde le monde sous un angle systématiquement négatif (événements de vie, opinions des autres). Pessimisme permanent retentissant sur l’entourage, l’amenant à se décourager. Des PENSEES AUTOUR DE LA MORT, pour elle-même, les proches, la mort en général. Pensées liées au sentiment d’inutilité et à la perte de plaisir, idées noires « fabriquées » par la maladie (disparaissant à la guérison). Au niveau des MECANISMES DU CORPS, tout se dérègle. Il y a une dégradation du sommeil en termes de durée et de qualité. Réveils précoces, impossibilité de se rendormir ou « sommeil refuge » non réparateur non plus. Un APPETIT diminué, les aliments semblent sans goût, la préparation des repas est une corvée, les horaires sont irréguliers, la composition est déséquilibrée, perte de poids ou prise de poids (plus ou moins 6 kgs) à cause d’ingestion d’aliments sucrés notamment.
Des PROBLEMES SEXUELS, à cause des fonctions biologiques et relationnelles perturbées par la maladie, une diminution du désir, du plaisir aussi, difficultés lors de la réalisation de l’acte, augmentation des tensions dans le couple. Les symptômes physiques sont divers (maux de tête, souffrances dans les articulations, problèmes digestifs, tension artérielle …). La dépression est une des maladies psychiques les plus répandues en France. Cette maladie semble toucher davantage les femmes que les hommes, environ 2 fois plus de femmes sont diagnostiquées comme souffrant de dépression. C’est une maladie qui peut toucher chacun d’entre nous, quelque soit l’âge, le sexe, la classe socio-professionnelle, elle ne relève ni de la « fatalité », ni d’une faiblesse de caractère. Il existe différentes origines à cette maladie : les facteurs biologiques, les facteurs psychologiques et les facteurs socio-environnementaux en plus des facteurs de risque et des facteurs précipitants.
Mais la volonté seule ne suffit pas pour en sortir.
Il existe des solutions thérapeutiques : médicaments, thérapie. Quelque soit le traitement, sa mise en œuvre s’appuie toujours sur une alliance, un dialogue, une collaboration étroite entre vous et votre thérapeute. Vous avez le droit d’être informé, vous pouvez à tout moment poser des questions, vous êtes acteur de votre guérison.
Sébastien Garnéro pour Psychologika
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