Comprendre le phénomène du binge drinking

Le binge drinking, anglicisme que l’on peut traduire par « hyper-alcoolisation », « intoxication alcoolique aiguë », « alcoolisation paroxystique intermittente » ou bien par « alcoolisme périodique » est un mode de consommation excessif de grandes quantités de boissons alcoolisées sur une courte période de temps, par épisodes ponctuels ou répétés. Ce type de comportement d’alcoolisation massive, où l’état d’ivresse est recherché rapidement, est considéré comme une addiction, dès lors que la dépendance à l’alcool sous forme épisodique est établie.

En France, des reportages ont défini le binge drinking comme « biture expresse », « chaos éthylique » ou encore « alcool défonce » et ont tenté de cerner le phénomène en décrivant les comportements sociaux associés (fêtes d’étudiants, regroupements de jeunes avec beuveries sur la voie publique, etc.).

Cette conduite à risque peut entraîner la mort via un coma éthylique. En ingérant une grande quantité d’alcool en un court laps de temps afin d’atteindre l’état d’ivresse le plus rapidement possible, l’adepte du binge drinking, qui peut mélanger plusieurs types d’alcools plus ou moins forts, met sa santé et celle des autres en danger. Outre qu’elle peut déboucher sur la dépendance à l’alcool, cette pratique peut impliquer des complications sociales et sanitaires : conduite en état d’ivresse, violences urbaines, pugilats, violences verbales, viols, rapports sexuels non-protégés avec risque de grossesse et de transmission de MST, d’une rupture de la vessie sous-péritonéale, urémie élevée, … La conséquence la plus grave sur un plan médical est l’intoxication alcoolique aiguë qui peut mener aux risques mortels du coma éthylique, soit entre 2 et 4 g d’alcool par litre de sang selon les individus.

Selon une étude scientifique du Pr. Tapert de l’université de Californie, des lésions de la substance blanche dans le cerveau ont été observées par IRM chez 18 volontaires (dont la moitié d’adolescents) adeptes du binge drinking.

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Le binge-drinking serait-il un nouveau rite de passage ?

L’absence de liens familiaux, l’exclusion scolaire et le chômage, mais aussi le passage à l’université avec le nouveau mode de vie, les bizutages et les soirées d’intégration favorisent ce phénomène.

Dans le cadre du binge drinking, la consommation se fait en groupe. C’est une consommation essentiellement d’alcools forts, seuls ou en association : shooter, TGV (tequila, gin et vodka). Elle est associée principalement au tabac, parfois aux benzodiazépines et plus rarement au cannabis. Il existe souvent des rituels de consommations qui s’exécutent sous le regard encourageant des camarades qui congratulent celui qui réussit la « prouesse ».

Heureusement, tous les binge drinkers ne deviendront pas alcooliques : l’âge, les responsabilités professionnelles et familiales viendront mettre un terme à ces comportements. Certains auteurs considèrent qu’un homme sur trois et une femme sur sept présenteront toujours ce comportement à 40 ans, d’autres que la moitié de ces buveurs souffriront d’alcoolisme à l’âge adulte.

Devant ce phénomène, le législateur a voulu protéger les jeunes par des restrictions de vente selon l’âge (interdite désormais aux moins de 18 ans) et de lieu et par des mesures répressives. Pour être efficaces, ces mesures doivent être corrélées à des actions de prévention : informations sur les risques certes, mais aussi discussion et évaluation de la connaissance du problème par les adolescents.

La Psychologie peut vous aider à sortir de cet engrenage. Si vous sentez un début d’addiction et commencez à boire seul, il est important d’en parler autour de vous. L’alcool ne doit en aucun cas devenir une habitude.

Stevan Jobert pour Psychologika